IBJ n’est installé que depuis récemment au Burundi. Le pays ne disposant que d’une très faible couverture internet, ils ne sont au début qu’une poignée de courageux défenseurs des Droits de l’Homme à prendre connaissance des activités de notre ONG, notamment par l’intermédiaire de la communauté des JusticeMakers. La première réelle apparition d’IBJ dans les médias burundais se fera donc à l’occasion de la tenue de la première session de formation à la pratique pénale qui se déroula en mai 2008 à Bujumbura. Depuis, Astère Muyango, ancien participant à la compétition des JusticeMakers, est devenu le premier fellow d’IBJ au Burundi et, appuyé par une petite équipe dynamique, s’efforce de mener à bien les activités visant à améliorer le quotidien des personnes détenues, l’accès à une justice équitable, et restreindre l’usage de la torture. En dépit des difficultés administratives rencontrées dans le processus d’accréditation, il n’en demeure pas moins qu’IBJ reste à l’affût de la moindre opportunité pour populariser sa cause. La deuxième session de formation à la pratique pénale, organisée cette année entre le 29 juin et le 03 juillet, fut ainsi l’occasion de faire une nouvelle fois parler les médias burundais. La télévision nationale (RTNB) put ainsi filmer toute la délégation venue spécialement de Genève ainsi que les différents participants dans le feu de l’action. Mehdi et Karen, bien secondée par Fanny pour la traduction, eurent droit aux honneurs de l’interview pour la version française du journal, alors que Pierre-Claver Mbonimpa, président de notre partenaire local APRODH, se chargea de la version Kirundi. Ces passages aux heures de grande écoute furent complétés par plusieurs articles dans la presse écrite et radiophonique relatant la richesse des débats mais aussi le chemin qu’il reste à parcourir afin de parvenir à un fonctionnement équitable de la justice au Burundi.

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Ci-dessus: Des participants à la marche contre la torture organisée par USAID à Bujumbura le samedi 27 Juin 2009 (Photo de Nathalie Mohadjer)

Un mois plus tard, IBJ prenait la direction de Bubanza pour y tenir une table ronde consacrée au phénomène de la détention préventive et des conséquences qu’il peut engendrer en terme de surpopulation carcérale. Elle fut précédée de plusieurs sessions de distributions de posters servant là aussi à informer de leurs droits les populations rurales n’ayant souvent pas accès aux informations diffusées à l’échelle nationale. Cette table ronde fut un franc succès au regard des résultats obtenus qui ne manquèrent pas d’être soulignés dans les médias régionaux dépêchés pour l’évènement. Les échéances à venir, nouvelles tables rondes ou début des activités d’aide juridictionnelle, représentent autant de possibilités de médiatisation, mais de part ces témoignages, IBJ commence déjà à s’inscrire dans le paysage burundais dans son domaine de prédilection.

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Ci-dessus: Sensibilisation médiatique sur les murs du Tribunal de Grande Instance de Gitega (Photo de Nathalie Mohadjer)

Mais au-delà de l’action d’IBJ, c’est bien la question du fonctionnement même de la justice qui tend à prendre une place centrale au Burundi, les différents acteurs semblant prendre conscience que la paix et la démocratie ne pourront être garantis sans un fonctionnement efficace et équitable du système. Le Bureau intégré des Nations Unies au Burundi (BINUB) et certaines ONG ont ainsi eu un rôle crucial dans la médiatisation de l’aspect respect des Droits de l’Homme et des personnes détenues dans le processus de réconciliation nationale. Ces organisations ne manquent pas de convoquer la presse à chacune de leurs interventions et leurs manifestations sont régulièrement retransmises par les médias locaux et nationaux. Cette place prise dans les médias tend dès lors à correspondre avec un changement de mentalité des décideurs. Sans que l’on puisse exclusivement en attribuer le mérite à la médiatisation du travail des ONG, il est en effet indéniable que les instances judiciaires semblent plus ouvertes au dialogue et enclines à accepter les appuis non gouvernementaux à la réforme du système judiciaire. De cette manière, l’administration pénitentiaire, le corps des magistrats, la police judiciaire et le barreau ont pleinement joué le jeu des tables rondes d’IBJ en facilitant la participation de leurs membres. Plus important, les recommandations ont été suivies d’effets concrets avec la tenue d’un conseil spécial aboutissant aux libérations rapides de prisonniers en détentions irrégulières dans la province de Bubanza. Cette tendance est également perceptible au niveau ministériel avec la parution récente d’une circulaire visant à s’attaquer à la surpopulation carcérale en ciblant deux catégories de détenus pouvant bénéficier d’une mesure de libération. Cela concerne les mineurs de moins de 15 ans, dans le but de se mettre en conformité avec le nouveau Code Pénal, et les prévenus ayant passés 12 mois en détention préventive alors qu’ils encourent une peine ne dépassant pas 5 ans de servitude pénale (art.75 du Code de Procédure Pénale). Enfin, un projet d’envergure ayant pour but de limiter le recours à l’emprisonnement est actuellement en cours d’analyse, et devrait impliquer les membres de la société civile autant que les instances officielles. Ces prémices de changements institutionnels se révèlent au final très encourageants, et IBJ compte bien faire entendre sa vision originale et novatrice de la promotion des Droits de l’Homme et apporter sa pierre à l’édification d’un système mettant la dignité humaine au cœur de ses préoccupations.

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